lundi 21 novembre 2016

Une famille trop parfaite - Rachel ABBOTT


Quatrième de couverture :
 
Un suspense psychologique riche en émotions, dans la lignée de P. D. James et de Lisa Gardner.

Olivia Brookes et ses trois enfants se sont volatilisés.
Pourtant, dans leur jolie maison des quartiers chic de Manchester, tout semble normal : la voiture de la jeune femme n'a pas bougé, aucune affaire ne semble manquer. Même le sac à main et le téléphone d'Olivia traînent encore dans la cuisine. Un mystère pour la police.
Plus étrange encore : l'école assure ne pas avoir vu les enfants depuis plusieurs semaines ; Robert, le mari d'Olivia, semble plus furieux que désespéré ; et surtout, le nom de la jeune femme revient dans une ancienne affaire de disparition.
Car, deux ans plus tôt, c'est Olivia qui lançait, affolée, un avis de recherche pour retrouver son mari et leurs enfants, dont elle était sans nouvelles...

Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez les Brookes ? Quels sombres secrets cache cette famille que tout le voisinage pensait si tranquille ?


***

Mon avis :

Si tu aimes les récits basés sur les faux semblants, un grand classique de la littérature noire, cet ouvrage te plaira incontestablement. Tout est dans la quatrième de couverture. Si je t'en dis plus, je risque fort de gâcher une partie de ton plaisir de lecture et il n'y a rien de plus frustrant que ça.

Cela dit, une fois le livre refermé, j'ai eu du mal à savoir qu'en penser. L'avais-je aimé ou non...?
On y retrouve bien sûr tout ce qui fait le charme de ce type d'intrigue : une accumulation de mensonges, des gentils qui ont l'air tellement gentils qu'ils en deviennent suspects, des rebondissements à la pelle... Même si, sur la fin, je t'avoue que j'ai trouvé que l'auteur en faisait un peu trop. Il n'aurait rien fallu de plus.
Mais j'ai adoré la façon dont je me suis sentie baladée tout au long de ma lecture, à avoir envie d'incriminer tel ou tel protagoniste, à me sentir dans le doute en permanence. parce que, avouons-le tous, c'est aussi une grande partie du plaisir des amateurs de roman noir que d'essayer de deviner qui est le coupable avant la fin.

Reste que le personnage principal, Olivia, manque pour moi un peu d'épaisseur. Elle ne se détache pas réellement du lot. Je lui ai trouvé un côté terriblement ordinaire qui m'a un peu dérangée. Mais après tout, peut-être était-ce voulu par l'auteur.
Mention spéciale cependant pour certains des endroits évoqués dans le roman : des endroits que non seulement je connais, mais que j'aime aussi beaucoup. Ça a été un vrai bonheur que d'imaginer les scènes qui s'y déroulaient.

Merci à NetGalley et aux éditions Belfond pour ce suspense haletant. Et pour le voyage le temps d'une lecture !

Une famille trop parfaite
Rachel ABBOTT
Belfond
ISBN 271446033X
EAN 978-2714460332
21,50€
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vendredi 18 novembre 2016

La main de Dieu - Philip KERR


Quatrième de couverture :

"Une série drôlement grinçante qui allie crime et ballon rond…
Un cocktail de suspense et d’ironie !"
Paris Match


Scott Manson, l’entraîneur du club de football de London City, se rend à Athènes avec son équipe pour disputer leur premier match de la Ligue des Champions. Alors qu’ils se préparent à affronter l’Olympiakos, la Grèce fait face à de violentes émeutes. La température monte en ville comme dans le stade, et le coach surveille de près ses joueurs. Aucune distraction n’est permise : ni alcool, ni soirées, ni jolies filles. Tout est parfaitement sous contrôle. Du moins, c’est ce qu’il croit. Jusqu’à ce que la mort s’invite sur le terrain et que le butteur star du City s’effondre en pleine action dans le stade de Piraeus. C’est le choc. Accident ou règlement de compte ? Les autorités mènent l’enquête, mais Scott Manson doit lui aussi découvrir la vérité, et vite, s’il veut rapatrier son équipe à temps pour le championnat.

Après Le Mercato d’hiver, Philip Kerr nous emporte une nouvelle fois dans les méandres du football international, un monde où le vice et la violence sont maîtres du jeu.

Traduit de l’anglais par Johan-Frédérik Hel-Guedj.

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Mon avis :

Philip Kerr est un auteur prolifique. Même si je t'avoue, je ne connais de lui que la série des Bernie Gunther, dont MariChéri est fan. Sans pour autant abandonner l'inspecteur berlinois, l'auteur écossais a créé récemment un nouveau héros récurrent : Scott Manson. L'occasion aussi d'aborder un nouveau milieu, que l'on croit connaître mais qui nous réserve bien des surprises, celui du football professionnel. En effet, Scott est l'entraîneur d'un club londonien, fictif, le club, cela va sans dire.

Le foot, ce n'est pas mon sport préféré, bien loin de là. Mais comme un rien m'intéresse, je ne voyais pas pourquoi ne pas tenter cette lecture. Et puis je t'avoue que rien que le titre, allusion à un bien triste souvenir sportif pour les Anglais, m'a donné envie. Wikipédie l'expression si tu ne vois pas ce dont je parle.

La main de Dieu est le deuxième tome de cette nouvelle série, le premier, Le mercato d'hiver, est sorti en mai dernier.
J'ai longuement hésité à me lancer dans cette lecture, tu le sais, d'ordinaire, les séries pour moi, c'est "dans l'ordre" et jamais autrement. Et puis, comme je m'étais engagée à le lire rapidement et que le premier n'était pas disponible à la médiathèque ici, j'ai décidé de tordre le cou à mes principes, une fois n'est pas coutume. Et bien m'en a pris, parce que je me suis laissée embarquer. Même s'il n'empêche que je continue de vivement te recommander de commencer par le premier !

On suit l'équipe de London City en déplacement à Athènes en pleine période de désordre social. De disparition en mort suspecte. Évidemment, pour Scott Manson, c'est plus fort que lui, il faut qu'il mène l'enquête. Mais entre les rues prises d'assauts par les Grecs excédés par le système, les accrochages entre supporters de clubs rivaux, et le fonctionnement des instances bien différent de celui de l'Europe du Nord, la tâche est loin d'être aisée.

J'ai particulièrement apprécié le fait que fiction et réalité s'entremêlent. Kerr truffe son texte d'anecdotes sur le football, que ce soit sur des joueurs, des matchs ou des clubs, le tout sans jamais verser dans le catalogue, c'est plutôt sympa. On sent qu'il s'agit là d'un sport qu'il aime et respecte, même s'il n'hésite pas à l'égratigner de temps à autre.
Quant aux personnages, quelle galerie de portraits ! Avec en tête Manson, qui a sa part d'ombre mais terriblement attachant. Bref, je m'étais jurée de mettre le frein sur les séries tant que je n'aurais pas terminées celles que j'ai en cours mais, c'est plus fort que moi, j'ai replongé !

Merci à NetGalley et aux éditions du Masque pour cette super découverte.

La main de Dieu
Philipp KERR
Éditions du Masque
ISBN 2702441589
EAN 978-2702441589
Prix 20€
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mardi 15 novembre 2016

La vallée des ombres - Xavier-Marie BONNOT


Quatrième de couverture :

René Vasseur est une machine, un être au cuir épais qui a fait la guerre, qui a changé de nom. René Vasseur est un légionnaire. Après vingt ans d'absence, la haine au cœur, il revient dans son village natal, au fond d'une vallée industrielle dévastée par la crise. Peu à peu, surgissent les ombres du passé : la femme qu'il a aimée, l'ennemi d'enfance devenu flic, l'ami qui a basculé dans le grand banditisme, son père, ancien patron de la CGT locale, tyrannique et désabusé... Et le drame qui a bouleversé sa vie : la mort de son frère, Rémy, dix-huit ans, assassiné lors des grèves de décembre de 1986.
René est-il venu venger son frère ? Pourquoi ne l'a-t-il pas secouru alors qu'il en était capable ? Pourquoi a-t-il rejoint la Légion ?

J'ai peur. J'ai toujours eu peur. C'est peut-être pour cela que je suis dangereux.

Né en 1962, Xavier-Marie Bonnot est écrivain et réalisateur de films documentaires. Il remporte avec son premier roman, La Première Empreinte (L'Écailler du Sud, 2002), le prix Rompol et le prix des Marseillais. Le Pays oublié du temps (Actes Sud, 2011) a été récompensé par le prix Plume de cristal et Premier homme (Actes Sud, 2013) par le prix Lion noir. Il est désormais traduit dans le monde entier. Après La Dame de pierre (Belfond, 2015), La Vallée des ombres est son huitième roman. 

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Mon avis :

Une découverte pour moi et, autant te prévenir de suite, un véritable coup de cœur.

La vallée en question, c'est celle de la Romanche, dans la région de Grenoble, une zone où l'industrie métallurgique n'en finit plus d'expirer. René revient dans le village de son enfance, coincé entre l'usine et la rivière. Plus par devoir que par envie : son père est mourant.
Mais c'est aussi celle d'Uzbin, en Afghanistan, ou les Ifoghas, au Mali, autant de lieux de triste mémoire pour l'armée française. René y a laissé une partie de son âme, de celui qu'il était avant de s'engager dans la Légion.

Les ombres qui peuplent ce bout de terre sont nombreuses. Elles revêtent plusieurs formes. Il y a les fantômes comme le frère cadet de René, assassiné à l'usine, 20 ans auparavant, sa mère qui n'a pas survécu au drame, ce bel amour de jeunesse auquel il n'a laissé aucune chance, des absences, beaucoup d'absences... Trop probablement.
Il y a les secrets aussi, que l'on ignore mais que l'on sent planer, lourds de conséquences, et des questions. Pourquoi René n'a pas sauvé son frère ? Pourquoi est-il parti ainsi ?

En revenant, René revient sur son passé, mais aussi sur celui qu'il était et qu'il a perdu. Il veut combler les vides qui envahissent sa mémoire aussi. Une quête à la fois dangereuse et bouleversante.
Il sent que les derniers jours de vie de ce père avec qui il ne s'entend guère peuvent être déterminant, lui offrir les clés qu'il a renoncé à chercher depuis bien longtemps.

Xavier-Marie Bonnot nous offre un roman d'une noirceur et d'une âpreté absolues, à l'image de l'environnement dans lequel l'histoire prend place. Son style sans fioriture sert merveilleusement la quête de René, il m'a été impossible de poser ce roman en cours de lecture, je ne pouvais pas aller au bout, ne pas savoir. Et René, parlons-en, quel personnage !
Le récit aborde une multitude de sujets, la famille, le syndicalisme, la vengeance, l'amitié pour ne citer qu'eux, et est particulièrement dense. Mais l'auteur réussit à ne pas nous perdre en cours de route. Tout s'assemble formidablement pour donner au final un excellent roman noir.

Merci à NetGalley et aux éditions Belfond pour cette très belle découverte, exactement du noir que j'aime, et qui m'a donné très envie de découvrir d'autres titres de cet auteur.

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mercredi 9 novembre 2016

Les jumelles - Claire DOUGLAS


Quatrième de couverture :

Prix du premier roman Marie Claire au Royaume-Uni.

Après un accident tragique, obsédée par la mort de sa sœur Lucy, Abi s’installe à Bath dans l’espoir de reprendre pied. Mais elle y rencontre Beatrice et Ben, un couple de jumeaux qui l’attirent dans leur univers privilégié et trouble…
Invitée par Bea à vivre dans l’hôtel particulier qu’elle partage avec Ben, Abi met tout en œuvre pour satisfaire les exigences de ses amis. Aimantée par eux mais déstabilisée par leurs comportements étranges, elle est poussée vers la folie quand elle est visée ― mais l’est-elle vraiment ― par des événements inquiétants qui se produisent dans la maison…

Thème romanesque par excellence, la gémellité est ici abordée sous l’angle d’un suspense psychologique prenant qui joue des aspects les plus sombres de cette relation fusionnelle, dangereuse, et qui les révèle sans tabous.
 
À propos de l’auteur :
Pendant quinze ans, Claire Douglas a été journaliste pour la presse féminine et des quotidiens nationaux. Mais c’est à une carrière d’écrivain qu’elle se destine depuis toujours. Une ambition qui se concrétise lorsqu’elle remporte, avec Les jumelles, le concours du premier roman organisé par Marie Claire UK. Claire Douglas vit à Bath, en Angleterre.

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Mon avis :

Abi est journaliste free-lance. ou plutôt était car, depuis l'accident qui a coûté la vie à sa sœur jumelle dix-huit mois plus tôt, elle n'a plus goût à rien et il lui est de plus en plus dur de travailler. Cet accident, elle s'en sent responsable et cette culpabilité l'a menée jusqu'à commettre une tentative de suicide. Un séjour en hôpital psychiatrique et un traitement plus tard, elle tente de reprendre pied dans la vie. Elle quitte Londres pour Bath et tente de se faire de nouveaux amis.

Lorsqu'elle rencontre Bea, elle est troublée par la ressemblance de celle-ci avec sa sœur disparue. Troublée ensuite car la jeune femme a elle aussi un jumeau. Entre fascination, amitié et amour, les liens ne vont cesser de se nouer et se dénouer entre ces trois personnages, toujours à la frange de la folie. Mais lequel des trois est le plus fou...?

Sur l'éternel thème des faux semblants, Claire Douglas signe là un premier roman de très bonne facture. Elle mène son lecteur par le bout du nez, tentant de l'égarer à chaque nouveau chapitre et ça fonctionne. Les situations sont angoissantes à souhait, on en vient à soupçonner tout le monde, ça met assez mal à l'aise, c'est très réussi.
L'éditeur le conseille aux personnes qui ont aimé La Fille du Train de Paula Hawkins, je ne peux que confirmer.

Merci à NetGalley et à HarperCollins pour cette lecture angoissante pleine de rebondissements.

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mardi 8 novembre 2016

Scission - Chase NOVAK


Quatrième de couverture :

Adam et Alice Twisden ne sont pas des enfants ordinaires. Leurs parents ont subi un traitement expérimental contre l'infertilité et en ont payé le prix fort. La tante des jumeaux a obtenu leur garde et est déterminée à leur donner tout l'amour dont ils ont été privés jusqu'ici. Mais, au-delà du cocon qu'elle essaie de créer, d'autres forces règnent. Des bandes adolescentes issues de la même terrifiante procédure médicale rôdent dans les rues de New York. Les enfants vont devoir choisir leur camp.

Après Conception, Chase Novak revient hanter ses lecteurs avec un deuxième opus aussi diabolique qu'addictif, parfait dosage entre deux genres : le thriller et le fantastique.

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Mon avis :

Je préfère te prévenir tout de suite, ce roman est une suite, comme le laisse entendre la fin de la quatrième de couv'. Et s'il peut tout à fait être lu indépendamment, je pense qu'il est en revanche mieux de l'aborder après avoir lu Conception.

Dès les premières pages, on est plongé dans ce qui marque probablement la fin du précédent opus. C'est noir, c'est gore, c'est à peine croyable et je ne t'en dirai pas plus afin de ne pas te gâcher le "plaisir".
Une chose est certaine, Adam et Alice ont traversé des horreurs. Et dès le moment où leur tante obtient leur garde officiellement, tout semble se détraquer dans son/leur existence.

Il est compliqué de parler de ce roman sans trop en dévoiler. Toujours est-il qu'il se lit d'un trait, il nous happe dès les premières lignes. Le récit est peuplé de personnages inquiétants, et l'auteur ne peut s'empêcher de surfer sur la vague des faux-semblants, mais comme très souvent dans ce style de roman. Certaines scènes sont difficilement soutenables, ne t'inquiète pas, deux ou trois tout au plus, et elles ne durent pas dix pages non plus.
Concernant le côté fantastique, moi qui ne suis pas une grande adepte, j'ai trouvé qu'il était ici très bien dosé, que l'auteur parvenait à éviter l'écueil du grand-guignol qui me dérange toujours
Mention spéciale pour la fin, je l'ai trouvée presque romanesque et poétique.

Un page-turner plutôt sympa que j'ai apprécié.
Merci à NetGalley et aux éditions Préludes de m'avoir fait trembler en compagnie d'Adam et Alice.

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jeudi 6 octobre 2016

Je sais pas - Barbara ABEL


Quatrième de couverture : 

Une belle journée de sortie des classes qui vire au cauchemar.
Une enfant de cinq ans a disparu.
Que s'est-il passé dans la forêt ?
À cinq ans, on est innocent, dans tous les sens du terme.
Pourtant, ne dit-on pas qu'une figure d'ange peut cacher un cœur de démon ?

Prix du Polar Découverte Les Petits Mots des Libraires

Née en Belgique en 1969, Barbara Abel est passionnée de théâtre et de littérature. À 23 ans, elle écrit sa première pièce de théâtre. Pour son premier roman, L'Instinct maternel (Le Masque, 2002), elle a reçu le Prix Cognac. Aujourd'hui, ses livres sont adaptés à la télévision, au cinéma, et traduits dans plusieurs langues. Après L'innocence des bourreaux (Belfond, 2015), Je sais pas est son onzième roman.

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Mon avis :

Aujourd'hui sort ce très bon roman, le dernier de Barbara Abel. S'il s'agit d'un auteur dont j'ai lu plusieurs ouvrages, notamment Derrière la haine et Duelle qui, s'ils m'ont agréablement divertie, n'ont hélas pas laissé une empreinte indélébile dans ma mémoire. Mais je ne me formalise jamais et m'efforce de toujours laisser une seconde/troisième chance à un auteur. Aussi, quand j'ai eu l'opportunité de découvrir celui-ci un peu avant tout le monde, je n'ai pas dit non, bien loin de là.

Difficile de faire le pitch sans trop éventer l'intrigue, mais je vais tenter de m'y coller.

Emma est une jolie petite poupée blonde de 5 ans. Un soir, elle surprend Camille, sa maman, embrassant son amant sur le pas de leur porte. A-t-elle vu ? Et si oui, qu'a-t-elle vu ?
Le lendemain, c'est jour de sortie scolaire, en forêt. Emma, sous ses airs d'ange, a un fichu caractère. Elle s'éloigne de ses petits camarades et finit par se perdre dans la forêt. Branle-bas de combat, les instituteurs partent à sa recherche, et Mylène, sa maîtresse, finit par la retrouver.
C'est pourtant seule que l'enfant réapparaît. Que s'est-il passé ? Où est Mylène ? L'a-t-elle même seulement vue ? L'enfant n'a qu'une phrase à la bouche... "Je sais pas."

Impossible de poser ce roman une fois que tu as mis le nez dedans. Dès les premières pages, on se retrouve happé par l'action, embarqué dans un suspense passionnant. Parce que le grand talent de Barbara Abel, c'est de savoir imbriquer les uns dans les autres des faits qui n'ont apparemment rien en commun, jusqu'à créer une intrigue proche de la perfection qui te tient en haleine sans faillir. Même la plus banale des situations cache quelque chose. Bon ou mauvais, impossible de le savoir à l'avance et c'est très bien comme ça. Les rebondissements s'enchaînent jusqu'à la fin. J'allais écrire jusqu'au KO final, me suis reprise, mais finalement il y a de ça.

Les personnages éveillent en nous une palette de sentiments aussi large que possible. Tantôt on a envie de les soutenir, de les plaindre, tantôt on se dit qu'ils n'ont pas volé ce qui leur arrive. Et qu'à la limite, si leur situation pouvait empirer, on ne verserait pas une larme pour eux. Je t'avoue que moi qui suis du genre à "adorer détester", je me suis régalée pour le coup.
J'ai particulièrement aimé la façon dont leur psychologie est fouillée, ça aussi, c'est une des grandes forces de l'auteur.

Pour conclure, je te dirai, mais tu l'auras compris, que Barbara Abel signe là un très bon roman. Un coup de maître que je te recommande sans réserve.
Et un grand merci à NetGalley et aux éditions Belfond pour ces heures de lecture sous tension.

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mardi 20 septembre 2016

Ombre japonaise - Viviane MOORE


Quatrième de couverture :

"Son tatouage l'habille entièrement, à l'exception d'une étroite bande de peau qui part de la base de son cou, passe entre ses seins et s'arrête au sexe qu'elle couvre de ses mains croisées en m'apercevant..."

Qui se cache derrière cette ombre japonaise ? Que recherche cette créature mystérieuse, cette femme maudite qui réclame justice en semant la mort et la terreur ?
Une intrigue inquiétante au dénouement inattendu, un voyage au cœur d'une Tokyo en pleine mutation, l'œil d'un photographe, l'univers énigmatique des maîtres tatoueurs, la violence et les tourments d'une passion insensée.
Un roman noir, sensuel et poétique, comme l'encre sombre d'un tatouage.

Viviane Moore, née à Hong Kong, est l'auteur de nombreux romans policiers médiévaux et contemporains, ainsi que de deux thrillers sur le Japon contemporain, Intramuros et Tokyo des Ténèbres.

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Mon avis :

Mes lectures défilent, défilent, et je m'aperçois que je ne prends plus la peine de venir en parler, ni ici, ni même ailleurs... C'est que j'ai un mal fou à extérioriser en ce moment, que j'en viens même à me demander si le jeu en vaut la chandelle. De la lassitude...? Peut-être. M'enfin, j'ai décidé de me faire violence ce matin. Parce que j'ai eu un vrai coup de cœur pour ce court trop roman qui m'a emmenée dans le Japon d'aujourd'hui, cet étrange pays où la tradition est plus vivante et a un poids plus lourd que dans aucun autre.

De Viviane Moore, je connais la saga de Tancrède le Normand, enfin, par ouï-dire vu que MariChéri a réussi la prouesse de perdre les deux premiers des six tomes qui la composent, oui, tu as bien lu... perdre... J'attends donc qu'il les retrouve pour pouvoir me faire une idée par moi-même ! En revanche, j'ai lu il y a quelques mois, La Femme sans tête, un roman qui marque le début d'une trilogie, Alchemia, qui comme son nom l'indique sera consacrée à l'alchimie au XVIe siècle. Et ça m'avait bien plu. Au point que j'en attends toujours la suite avec impatience.

Le roman s'ouvre sur une scène d'attentat, d'accident, on ne sait pas, mais de chaos, ça, c'est sûr. On est alors à Paris, en 1993.
Dix ans plus tard, on retrouve Erwan, l'un des trois survivants, à Tokyo, où il prépare un ouvrage sur les maîtres tatoueurs. Erwan est photographe-reporter et a obtenu le privilège de photographier le maître Soan dans son travail. C'est dans son atelier qu'il rencontre la femme tatouée à la façon d'un yakuza qu'il n'aura de cesse de retrouver tout au long du roman. Il lui vole quelques clichés, cela la met dans une rage folle et aussitôt, les évènements prennent une tournure aussi dangereuse qu'étrange tout autour de lui. Accidents, explosions, tentatives d'homicide, morts violentes... Rien n'est épargné, ni à lui, ni à son entourage, amical ou géographique.
Et si tout cela était lié au fait qu'il a survécu aux évènements de 1993...?

Je n'ai pas aimé, j'ai a-do-ré ce roman. Pour tout un tas de raisons que je ne peux que te livrer en vrac tant je me sens encore toute émotionnée par ma lecture :
- le Japon me fascine, j'aime tout particulièrement la façon dont tradition et modernité y semblent si intimement imbriquées et je trouve que Viviane Moore a formidablement rendu cela. J'ai aussi été touchée par le sens des détails, ce en quoi j'ai trouvé à ce bouquin un côté incroyablement cinématographique. Si un réalisateur veut s'y coller, il y a de quoi faire un chouette film.
- l'esprit japonais est encore hanté par les évènements d'août 1945 et cela nourrit toujours mes questionnements sur la résilience. On peut difficilement évoquer le Japon en omettant cela et le sujet est réellement très présent en ces pages.
- chaque chapitre commence par un haïku et ça, c'est drôlement classe. Surtout quand on sait à quel point les haïkus tiennent une place importante dans ma vie en général, dans ma vie amoureuse en particulier.
- c'est un ouvrage qui m'a donné envie de me documenter sur tout un tas de faits-divers, d'évènements, de personnages tout à fait authentiques évoqués au fil des pages. Alors certes, je l'ai terminé très rapidement, mais j'en ai pour des heures et des heures maintenant à fouiller, retourner le net à la recherche de précisions sur tout ce qui a éveillé ma curiosité.
- et le Japon, c'est un sujet d'actualité en ce moment à la maison puisque Mademoiselle A. y sera dans moins de deux mois maintenant. ;-)

Les deux seuls tout petits bémols sont, tu l'auras compris à moins que tu ne sois arrivé jusqu'ici sans réellement lire les lignes au-dessus, que ce roman était vraiment trop court à mon goût. Et qu'il était aussi le troisième tome d'une trilogie, décidément Madame Moore ne sait pas faire dans le tome unique, bref, qu'il était le troisième tome d'une trilogie dont je n'ai pas lu les deux premiers... Il va falloir que je me rattrape !

Alors, envie toi aussi de t'évader au Japon maintenant...?

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